Rendre les substances et produits naturels accessibles en métropole et en outre-mer

Tel que rappelé dans son règlement (UE 2018/848), la production biologique cherche à limiter l’utilisation d’intrants extérieurs et repose sur des approches préventives à chaque étape de la production. Lorsque les méthodes préventives ne sont pas suffisantes, certaines substances naturelles, les Préparations Naturelles « Peu Préoccupantes » peuvent être à la base de solutions intéressantes, mais leur usage n’est pas toujours autorisé par la législation nationale ou européenne. Pour que l’utilisation d’une substance soit autorisée, par exemple pour la protection d’une culture, un dossier d’approbation doit être monté et déposé auprès des pouvoirs publics : une procédure longue à réaliser pour chacune d’entre elles. Or, pour des raisons essentiellement économiques, les recherches et demandes d’approbation des substances naturelles ne sont généralement pas portées par les firmes phytosanitaires. D’autre part, quand elles existent, les études sur les substances naturelles restent centrées sur la métropole, délaissant ainsi les cultures et bioagresseurs tropicaux dans les DROM (ex. Guadeloupe, Martinique, Mayotte, La Réunion). 

C’est pourquoi, depuis plus de 10 ans, l’ITAB élabore et dépose des dossiers d’approbation de Préparations Naturelles Peu Préoccupantes (PNPP), dont des Substances de Base et des Substances Naturelles à Usage Biostimulant (SNUB), afin de rendre ces substances naturelles accessibles, en particulier aux producteurs biologiques. 

Les SNUB peuvent avoir différents effets sur les plantes, notamment celui d’augmenter l’utilisation et la disponibilité des éléments nutritifs, leur tolérance aux stress, ou leurs caractéristiques qualitatives (définition du Règlement UE 2019/1009). Certaines SNUB pourraient favoriser la germination des semences, permettant ainsi l’émergence de plantules plus vigoureuses et accroitre ainsi la compétitivité vis-à-vis des adventices et la tolérance aux stress abiotiques. C’était l’objectif du projet GERMINAL (2023), qui a étudié les effets de diverses SNUB sur la germination de semences de carottes et de panais (Apiacées). 

Le projet INADOM (2019-2022), en s’appuyant sur des acteurs locaux, a permis de se concentrer sur des plantes endémiques des DROM, afin d’apporter des solutions et une cohérence locales à la protection des cultures par les substances naturelles. 

Les travaux menés en 2023 dans les projets INADOM et GERMINAL ont permis d’identifier des substances efficaces, que ce soient en protection des cultures tropicales ou en biostimulation des semences d’Apiacées. A ce stade, seules les SNUB sont autorisées sans restriction d’usages ou de concentrations, pour toutes cultures et pour tous stades phénologiques de la plante (germination, croissance, floraison, fructification…). En revanche, la protection des cultures tropicales par les Substances de Base étudiées devra attendre l’approbation des dossiers déposés durant le projet INADOM.

Le s Préparations Naturelle s Peu Préoccupantes, tout en ayant un faible impact sur l’environnement et sur la santé animale et humaine, permettent, dans certains cas, de proposer aux producteurs bio, à la fois des solutions efficaces et une autonomie d’intrants en raison de leur facilité d’approvisionnement et de préparation. L’ITAB y contribue activement : soutenu par les Ministères et les pouvoirs publics, il a contribué, ou est à l’origine, de 19 des 25 substances de base pour la protection des cultures approuvées par l’Europe ! Il a également permis l’intégration de 23 de ces substances au règlement bio européen (2021/1165). Du côté des SNUB, grâce à l’action de l’ITAB, la liste a été agrémentée de plus de 1100 espèces de plantes, algues 
et champignons par l’intégration du cahier des charges plantes consommables.