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Carie du blé

Chapô

La carie commune du blé (Tilletia caries ou Tilletia foetida) était une maladie courante jusqu’aux années cinquante. La pratique de désinfection des semences par lutte chimique l’a réduite à un état de bruit de fond. Aujourd’hui la maladie est en nette recrudescence et son très fort pouvoir de propagation en fait un risque majeur en agriculture biologique.

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Epié, carie du blé, floraison, grain ouvert à l'ongle copyright Laetitia Fourrié
Contenus

Les conséquences en termes économiques peuvent être désastreuses; les grains cariés sont perdus (l’intérieur du grain est remplacé par une masse de spores), mais surtout la qualité de la récolte est atteinte: l’odeur de poisson pourri fréquemment liée à la présence de carie rend les lots non commercialisables, notamment en meunerie. En filière semences certifiées, la carie est évidemment rédhibitoire car la semence est le principal vecteur de la maladie, vers les cultures suivantes et dans l’environnement. Le blé tendre est concerné, mais également ses apparentés, à des degrés divers: épeautre, engrain, blé dur, triticale.

La recherche de méthodes de lutte adaptées à l’agriculture biologique afin d’éviter la propagation de la maladie s’impose, sachant que les niveaux de contamination de la récolte 2006 sont extrêmement inquiétants, pour l’équilibre du marché des céréales biologiques pour les prochaines récoltes et pour la pérennité de la filière des semences certifiées en agriculture biologique.

L’ITAB a coordonné sur 2007 et 2008 un programme de lutte, soutenu financièrement par l’ONIGC. Il a été suivi par un programme de recherche de 3 ans financé par les contrats de branches de la DGAL (Ministère de l'agriculture). Plusieurs niveaux d’actions composent ces programmes :

  1. La communication auprès des agriculteurs est primordiale pour apprendre à connaître (reconnaître) la maladie et savoir comment réagir. Un « cahier technique carie » a été publié au printemps 2007 et largement diffusé et des pages web mises à jour depuis 2018 l'actualisent.

  2. Un observatoire national de la carie a été mis en œuvre pour évaluer l’ampleur de la maladie, en collaboration avec Coop de France, la SNES/GEVES et la FREDEC Midi-Pyrénées. 

  3. Une meilleure connaissance des tolérances variétales constitue l’un des leviers techniques permettant de limiter sa propagation.

  4. Des essais au champ et en conditions contrôlées ont été menés pour apprécier l’efficacité de différents traitements de semences, dont l’utilisation (sous réserve de leur autorisation) pourrait être recommandée en cas de risque carie en complément de l’emploi des tolérances variétales et des conditions de culture (partenaires: Arvalis – Institut du végétal, FREDON Nord Pas de Calais, FREDEC Midi-Pyrénées, Chambres d’Agriculture de la Drôme et de l’Yonne, Qualisol).

L’objectif commun à l’ensemble de ces actions est de fédérer les initiatives de chacun afin de les coordonner et d’arriver ainsi à construire une stratégie de lutte à l’échelle nationale.

Les risques liés à la carie
  • Jusqu’à 30 et 40% de perte de rendement
  • Jusqu’à 70% des épis peuvent être contaminés
  • Récolte invendable
  • Contamination du sol

Il n’y a pas d’effet toxique de la carie connu sur l’être humain. Cependant, une odeur de poisson pourri se dégage lorsque les grains sont broyés, ce qui impacte la qualité de la farine et peut la rendre impropre à la consommation. Cela peut aussi poser problème pour l’alimentation du bétail (problème d’appétence).
La semence représente la première source d'infection, mais des spores de carie peuvent être conservées dans le sol d'une parcelle pendant plusieurs années, présentant alors un risque d'infection par celui-ci.

Le cycle de la carie

Climat favorisant le développement de la carie :

  • Humidité du sol entre 40 et 50%
  • Températures :
    • Entre 2 et 29°C (optimum 11°C) pour T. Caries
    • Entre 15 et 20°C pour T. foetida

La pénétration du pathogène dans la plantule a lieu entre le stade de la germination et le stade 3 feuilles. La transmission ne peut donc se faire que par le sol ou à partir de semence infectée. Une fois le stade 3 feuilles passé, il n’y a plus de risque d’infection.

Crédits : UFS Semenciers et Université d'Angers

Autres espèces de carie

D’autres espèces de carie, affectant le blé, sont fréquentes dans le monde, mais pas en France. La carie naine (Tilletia controversa) provoque une nanification du blé dans des zone de montagne, en plus de symptômes similaires à ceux de la carie commune. Elle est courante dans les Alpes en Suisse et Autriche, par exemple. La carie de Karnal (T. indica) est principalement présente en Inde et ses pays voisins, en Amérique du Nord et en Afrique du Sud. Elle est classée organisme de quarantaine en Europe.

Le projet Liveseeding

Au cours du projet européen LIVESEED (2017-2022), l'ITAB a coordonné la mise en commun de connaissances et expériences des partenaires en matière des gestion de la carie en AB. Des fiches techniques et cette page web sont issus de ce travail de capitalisation. Sur cette période, l'ITAB a également créé et animé des ateliers sur le sujet avec des groupes travaillant avec des semences paysannes de céréales. 

Remerciements

Nous remercions les agriculteurs, chercheurs, conseillers, sélectionneurs et techniciens qui ont contribué leurs connaissance et expérience à la réalisation de cette page web.
Parmi eux : A. Borgen, H. Brun, J. Gombert, P. Massot, G. Michaut, G. Orgeur et E. Renard.